Jacques-Alain Lachant , ostéopathe et responsable de la consultation sur la marche à la clinique de Montlouis à Paris, relate son expérience de trente ans dans son ouvrage La marche qui soigne :

«Tant que l’on ne se porte pas, on peut faire vingt ans de thérapie sans que rien ne change. L’importance d’être dans son corps, dans un mouvement harmonieux, avec une sensation d’ancrage et de dynamisme, change profondément la perception que nous avons de nous-même. Savoir porter, se comporter induit un effet dans les relations humaines. Car en ayant la sensation profonde de pouvoir se porter soi-même, on met fin au sentiment d’insécurité qui nous freine et nous restreint dans la vie. Le sentiment de sécurité doit s’enraciner dans la chair pour mettre fin au sentiment intellectuel et psychique d’errance. La marche portante aide à trouver sa place ».

Il a donc développé « La marche qui porte » lors de ses consultations qui facilite l’ancrage et l’appui des pieds vers une sensation de verticalité qui aide à se tenir droit. Il sollicite le tonus de base qui répartit les appuis sur l’ensemble de la voute plantaire qui stimule le relèvement du regard. Il met l’accent sur la conscience de la présence des deux mains qui permet à la personne de percevoir l’espace tout entier et l’associe à la sensation de légèreté. Le travail du regard a toute son importance car il existe une boucle tonique œil-main-pied qui assure l’harmonisation du tonus global du corps lors de la marche. Une marche portante est une marche au cours de laquelle la personne se sent « portée » depuis ses pieds jusqu’au sommet du crâne dans un mouvement fluide et dansé. C’est donc un mouvement perçu comme agréable. La présence de la personne change considérablement comme « Un autre état de soi dans la marche et dans la vie » souligne Jacques- Alain Lachant. Elle est comme un vécu personnel, une expérience, celle d’une légèreté d’être et de soi. Telle une bonne expérience motrice et sensorielle. Selon lui, le psychisme d’une personne en état de souffrance peut être soutenue par une motricité présente et légère. La sensation d’ancrage de soi, la corporalité influence, grâce à la marche portante, la sensation de mieux être, puis de bien-être.

Cette sensation d’ancrage permet d’accéder au sentiment de sécurité de base. Si l’insécurité est liée à des défaillances dans la rencontre primaire du bébé avec le parent, elle peut ravager une existence entière. Ce médecin atteste qu’il est possible de rétablir chez les adultes porteurs de souffrances psychiques d’origine précoce, une sécurité affective de base, même tardivement. Le sentiment et la sensation de sécurité naissent dans la corporalité d’un sujet, dans sa chair, puis par étapes, il gagne le psychisme. A l’inverse, le psychisme peut souffrir, par résonnance, de l’insécurité indicible de la chair. C’est le cas de troubles psychomoteurs associés à certaines dépressions précoces. On remarque ici la pertinence de l’Analyse Psycho-Organique qui accorde une place essentielle à la chair dans l’accompagnement d’un mieux-être psychique, d’une transformation intérieure.

Juliette