J’avais rêvé partir seule, de chez moi, parcourir le Chemin vers Saint-Jacques de Compostelle… et j’ai calé avant même le départ !

Une opportunité de dernière minute me permet heureusement de m’inscrire aux “Premiers Pas” pour vivre la première semaine en groupe, avec Juliette. J’ajoute l’option « en liberté » pour apprivoiser progressivement la liberté du Chemin.

Néanmoins, mon départ est encore extrêmement difficile, plombé par une intense lutte intérieure (« j’y vais » / « je reste »). Je rejoins le groupe dans la nuit du premier jour de marche. C’est déjà la pensée du groupe et, tout particulièrement, l’accompagnement bienveillant de Juliette qui m’ont soutenue et permis de franchir ce premier des Premiers pas. Juliette a reçu avec une grande patience mes annonces contradictoires (« train réservé » / « train raté »), n’a pas jugé ma difficulté, m’a encouragée pour traverser l’épreuve et a rendu possible mon arrivée nocturne auprès de l’hébergeur.

Quelle récompense alors, car c’est le début d’une si belle aventure !

C’est parti pour une semaine de plein air, gaie et sereine, délicatement encadrée par les bons conseils de Juliette et l’humour prévenant de Marc. Le groupe “prend”, joyeux et riche d’échanges profonds, les étapes sont belles, les pauses tranquilles, ravitaillements et hébergements nous surprennent et nous régalent. Pendant la journée de marche, le groupe peut se vivre aussi effacé que cela est nécessaire à chacun. Dans le même temps, néanmoins, il est en lui-même un cocon aidant et portant. Une participante souligne que les mines deviennent plus détendues, plus souriantes, plus pleines, plus belles qu’au départ.

Puis, un jour, on arrive à Nasbinals où le groupe se sépare. Puis voici Conques où Christiane s’arrête : nous avions formé un élastique binôme de marche pour les “5 jours en liberté”. Conques, terme intensément perceptible d’un pèlerinage historique. Continuer après Conques… Continuer seule… Plonger dans la liberté, avec son air de grand bain !

De pas en pas, d’arbre en arbre, de vache en vache, de chant d’oiseau en vol de papillon, de ville en hameau et de hameau en bourg, le chemin se parcourt. Ce seront finalement 700 kilomètres heureux, autant de personnes rencontrées, d’un cœur de la France aux abords de la frontière espagnole.

Les paysages sont un chez-soi superbe et passager, ils défilent au fil des pas et des pauses, rythmées par les cloches, celles des églises, celles des vaches. On apprend à savourer dans la lente durée du temps, on apprécie, on admire, on se délecte. On va merveilleusement. On souffre comme il convient. On accueille, comme Juliette nous y a préparés.

Je veux exprimer ma très grande gratitude à Juliette et à son association si bien nommée. Les “Premiers Pas” m’ont mis le pied à l’étrier du bonheur !

J’ai appris tant de belles choses. Les premiers pas et les petits pas, voilà ceux qui sont les plus importants. Ressentir, chemin faisant, que le chemin appelle. Faire l’expérience que c’est lui qui porte ! Fréquenter d’aussi près la Providence, incroyablement fidèle, souple et fluide. Expérimenter la légèreté qui donne une vraie liberté. La richesse véritable qui est celle des rencontres. Vivre une pérégrination libre et joyeuse.

Merci Les Premiers Pas ! Merci Juliette et Marc. Merci le groupe. Merci chacune et chacun – et tous ensuite – pour le joyeux compagnonnage d’un temps.

A bientôt le Chemin ! Voir, maintenant, qu’il est là, aussi, devant moi tous les jours dans le chemin du quotidien.